Domenico da Piacenza (1390-1470 )
 



Né probablement à Piacenza avant 1420 et décédé après 1475, Domenico da Piacenza est connu aujourd’hui pour son traité de danse « De arte saltandj & choreas ducendj/de la arte di ballare et danzare ».

Ce manuscrit écrit de la main d’un scribe anonyme avant 1455, se trouve aujourd’hui à la Bibliothèque Nationale de France, fonds italien 972.

Danseur, chorégraphe, maître à danser, les informations sur Domenico da Piacenza sont pourtant rares. Guglielmo Ebreo da Pesaro se dit être son disciple dévoué et un fervent imitateur de son style.

Avec Antonio Cornazzano, il parle de lui avec grand respect.
Tous deux le nomment Roi dans son art, créateur de chorégraphies uniques et nobles.
Ils nous apprennent aussi qu’il a le titre de Chevalier de l’Ordre de la Toison d’or. Son nom est mentionné sur les liste salariales de la « camera ducale estense » à Ferrara de 1439 à 1475.

En 1455 il est à Piacenza pour les festivités données à l’occasion du mariage de Beatrice d’Este et de Tristano Sforza.
La même année, il danse avec Bianca Maria Sforza et crée à Milan les danses pour les fiançailles de Ippolita Sforza avec Alfonso d’Aragona.

Son traité est le premier écrit italien de ce genre, dans lequel un style de danse est décrit. Les chorégraphies lui sont toutes attribuées.
S’il a utilisé des éléments de base connus dans le nord de l’Italie, il semble les avoir intégrés dans une nouvelle forme de mouvement.

Domenico commence son traité avec des réflexions tirées des écrits d’Aristote et décrit comment « le subtil du subtil » peut naître du mouvement corporel, de la danse.
Il décrit les douze mouvements utilisés dans la danse, ainsi que quatre types de danse et les mesures musicales qui leur correspondent : la bassadanza (la plus lente, la plus difficile et la reine des danses), la quaternaria, le saltarello et la piva d’origine paysanne.
Ensuite il donne la description de 22 chorégraphies : 18 balli et 4 bassedanze.
Une dernière bassadanza, « Zogliosa », fût ajoutée au manuscrit plus tard et d’une autre main.

Les bassedanze nous sont toutes parvenues sans musique. Par contre, Domenico a composé une mélodie pour chacun de ses balli sauf pour « La figlia Guglielmina » et « L’altra figlia Guglielmina » où il s’est permis un emprunt à une ballade française connue : « A Florence la belle cité/Hélas la fille Guillemin ».
Ses mélodies consistent en plusieurs phrases composées avec attention dans la mesure correspondant au type de danse voulu (bassadanza, quaternaria, saltarello ou piva), suivant la dynamique suggérée par l’enchaînement des pas.
Très souvent, dans un ballo, des parties se suivent, variant le tempo et alternant binaire et ternaire. Domenico utilise la danse comme un médium, nous entraînant pas à pas sur un chemin de pensée philosophique.
Le choix du nombre et du genre des danseurs, les déplacements dans l’espace, les enchaînements géométriques des figures, le phrasé chorégraphique, les suites de pas, le type de danse et le nombre de mesures choisis pour chaque section d’une chorégraphie sont décrits de façon très précise.
Les phrases musicales sont conçues avec soin, les danses se suivent et s’enchaînent en une suite sensée. Rien n’est laissé au hasard. L’art de Domenico ne disparaît pas avec lui. Certaines de ses chorégraphies sont encore décrites au début du 16e siècle. On les retrouve telles quelles ou bien remaniées, parées d’ornements.

Ses disciples, dont Guglielmo, continuent et élargissent son œuvre, utilisant même des fragments musicaux tirés de ses balli et les quelques manuscrits italiens connus datant de la fin du 15e et du début du 16e siècle décrivent un style de danse différent, pourtant toujours basé sur son vocabulaire et son style chorégraphique.

Le respect que lui rendent ceux qui ont suivi son enseignement, son titre de Chevalier de l’Ordre de la Toison d’or, sa longue présence à la cour florissante de Ferrara ainsi que la beauté et la cohérence de ses danses, sont une reconnaissance de sa grandeur et de la valeur historique de ce qu’il nous a transmis.